Le premier cercle des Reines en Guadeloupe
l'expérience du cercle des Reines en pleine nature
Direction le Domaine du Bois Malher, pour vivre l'expérience du cercle des Reines, en pleine nature, dans la forêt tropicale de Bouillante. 2 mois que je prépare cet événement avec Laurence, la propriétaire des lieux.
J'ai hâte et j'appréhende en même temps : est-ce que la météo fera preuve d'indulgence ? Et surtout, est-ce que ces femmes adhéreront à mon concept ? Me suivront-elles aveuglément ?
Nous voilà presque arrivés, à bord d'un bus de 37 personnes, mais malheureusement la pluie s'intensifie.
L’aventure commence ici
J'appelle Laurence qui m'indique le chemin en précisant que l'aventure commence dès maintenant ! Il faudra traverser 2 ponts dont un au-dessus d'une rivière qui menace de déborder.
C'est donc avec difficulté que le chauffeur effectue ses manœuvres. Malgré son manque d'assurance le 1er pont est franchi ! Le cercle des Reines n'est plus qu'à quelques mètres d'avoir lieu, à condition de franchir le dernier obstacle, sous la forme d'une pente ardue mais pas infranchissable.
Les hommes, de loin en infériorité numérique, présents dans le bus, craignant pour notre sécurité, veulent faire demi-tour, pendant que de mon côté je refuse d'abandonner si près du but, après 2h de route.
Laurence en ligne, suit nos péripéties et me garantie qu'il n'y a aucun danger. Elle est professionnelle, je sais que je peux lui faire confiance. D'ailleurs, sur place, tout est prêt, pour nous accueillir comme des reines.
La voix de la raison
Je décide de prendre la parole, ma voix couvre celles des plus récalcitrants, en espérant appeler les femmes à nous suivre pour vivre cette journée inédite mais celle des hommes domine. Figure d'autorité, "ils sont là voix de la raison", qu'elles choisiront d'écouter en faisant taire en elles tout élan d'affirmation de soi.
La peur d'emprunter ce chemin se cristallise malgré les solutions proposées, dont celle d'acheminer les participants en voiture par le staff du domaine. Personne ne souhaite descendre du bus et je finis par croire que nous rejouons la scène du bus à Knysna, lors de la coupe du monde de 2010.
Nous ferons finalement demi-tour. Déçue mais tenace, je décide de jouer mon dernier va-tout. J'improviserai un cercle le lendemain, consciente que ce ne serait pas facile et c'est un euphémisme.
Un cercle de femmes et des resistances
De manière générale, au départ, elles ne comprennent pas l'utilité. L'une d'elle n'a pas souhaité suivre le protocole, une autre ne parviendra pas à parler avec son cœur, elle dira qu'elle "n'aime pas raconter ses affaires".
J'avais oublié que le peuple antillais est un peuple fier et pudique qui a du mal à se montrer vulnérable. Je réalise que je suis dans le fief de la femme poto mitan, là où il est particulièrement difficile pour les femmes d'oser se montrer vulnérable. Je dois réadapter le cercle à son environnement. Je décide donc de remanier le cercle des Reines.
J'explique les fondamentaux à savoir la notion de sororité, d'échange et de partage. Je fais un point sur la médecine de la parole et avec bienveillance, j'invite celles qui ne se sentent pas appelées à prendre congé.
Elles resteront toutes sans exception.
Chacune prendra le temps de choisir sa carte d'oracle qui, inévitablement, fera sens pour chacune. Elles prendront la parole à tour de rôle pour avouer qu'elles étaient perplexes, avant d'être frappées par la puissance du moment. Elles quitteront le cercle énergisées.
Bilan
Ces femmes talentueuses et courageuses, de 30 à 76 ans, ont toutes fait preuve d'opiniâtreté pour opérer cette transformation positive durant cette semaine d’accompagnement.
Je n'ai pas pu proposer le cercle de femmes que j'imaginais, avec des photos instagramables , sous un soleil radieux. Par contre, j'ai planté une graine sur cette terre si chère à mon cœur, afin de démocratiser le bien-être auprès de celles qui en sont exclues.
J'ai le sentiment que, œuvrer pour permettre à plus de femmes de prendre soin d'elles et de leurs projets, peut les aider à vivre une vie plus épanouie.
J'ai oublié de vous parler de ces petites filles qui ont tenu à m'aider à préparer le cercle, à défaut de pouvoir y participer. Subtilement, elles m'ont fait comprendre que le travail de guérison doit continuer (envers et contre tout😅) pour la future génération de femmes et d’hommes afro-caribéens.