La santé maternelle des femmes noires dans l’histoire

J’aimerai évoquer avec vous l’histoire et plus précisément la période esclavagiste (400 ans ce n’est pas rien !) pour aborder la santé maternelle des femmes noires.

L’arrivée des africains déportés

Les sages-femmes existent depuis toujours. C’est elles qui connaissaient les secrets de femmes. Elles pratiquaient aussi les avortements depuis la nuit des temps, pour aider les femmes à contrôler leur fécondité et à maitriser leur utérus.

Lors de la traite négrière, il y’avait des sages femmes parmi les africains déportés. Elles étaient présentes dans toutes les plantations et pas juste pour s’occuper des femmes noires, elles soignaient aussi les autres. Quand la propriétaire de la plantation, ses filles où d’autres femmes blanches accouchaient, elles étaient aidées par des sages femmes noires.

C’est elles, qui avaient le plus de valeur parmi les esclaves, car grâce à elles, les générations suivantes d’être humains réduits en esclavage pouvaient naitre. Rappelons, que la principale source de profits des colons dépendait de l’augmentation du nombre de ses esclaves.


La santé maternelle des femmes dans les communautés africaines traditionnelles

Pendant les premières années de l’esclavage, faire se reproduire les femmes africaines est un processus difficile car dans les communautés africaines traditionnelles, les femmes noires allaitaient leurs enfants et ne les sevraient qu’à l'âge de deux ans. Pendant ce temps, les femmes africaines n’avaient pas de relations sexuelles. Ce qui leur permettait d’espacer leurs grossesses.

Cette pratique allouait du temps aux femmes, afin de récupérer physiquement avant de commencer une nouvelle grossesse  (Nos ancêtres avaient tout compris avant l’arrivée de la barbarie !).


Des grossesses maitrisées aux grossesses forcées

Les propriétaires blancs d’esclaves ne comprenaient pas pourquoi les femmes esclaves ne portaient pas beaucoup d’enfants, les uns à la suite des autres. Leur réaction à cette situation fut d’utiliser le viol et la menace des coups, comme moyens de forcer les femmes noires à se reproduire.

“On porte autant d’attention à la reproduction et à l’élevage des négres qu’à celle des chevaux et des ânes. Une femme qui peut se reproduire vaut 15 à 25% plus cher qu’une femme qui ne se reproduit pas.”

La valeur d’une femme noire dépendait de ce que pouvait produire son utérus pour la plantation. Au moment de la vente, les femmes noires esclaves portaient des panneaux où étaient inscrit : “esclave reproductrice”, “femme enceinte”, “période de fécondité”, “trop vielle pour se reproduire”.

La reproduction forcée oppressait toutes les femmes noires esclaves. Sous alimentées, surchargées de travail, elles accouchaient dans des conditions déplorables et inhumaines et souffraient de fistules. Les grossesses à répétition non accompagnées de soins appropriés résultaient de nombreuses fausses couches, de décès et de traumatismes psychologiques.

Rituelle Meskhenet

La femme égyptienne accouchait seulement parée de quelques amulettes, le torse droit et accroupie souvent sur quatre briques.

Elle recevait ensuite son bébé et faisait appel à quatre déesses : Nout la déesse du ciel, Tefnout déesse de la pluie, de la rosée et Isis et Nephtys, elles remplissaient toutes les quatre le rôle de nourrices et de gardiennes bienveillantes de nouveau né.

Le concept de l’obstétricien

Au fil du temps, les hommes blancs qui avaient le pouvoir, ont inventé le concept d’obstétricien puis, décrétèrent que les femmes devaient aller à l’hôpital pour accoucher. Hommes et femmes blancs unirent leurs forces pour lancer des campagnes de marketing afin de discréditer les sages femmes noires, en faisant passer le message qu’elles étaient sales, incompétentes et inexpérimentées.

Le pouvoir des femmes, notamment des femmes noires posent un problème.

Aux Etats unis par exemple, les infirmières blanches de la santé publique, faisaient le tour des villes pour les débusquer et les obliger ensuite à aller voir les autorités, pour rendre leur licence sous la menace de les dénoncer, avec la prison comme sanction.

C’est ainsi que les femmes blanches se sont accaparées cette profession. Aujourd’hui, 87% des sages femmes certifiées sont blanches aux E.U et on peut faire le même constat en France.

En Europe, l’Eglise catholique a voulu contrôler la fécondité des femmes et leurs choix. L’église exigera donc que les hommes s’emparent de l’accouchement pour devenir plus tard : les médecins accoucheurs, puis gynécologues et obstétriciens.

Le domaine de la naissance basé sur le savoir ancestral des femmes suivra désormais un modèle médical patriarcal et technologique.



Doula

Dans nos sociétés dites modernes, nous vivons de moins en moins en communauté, avec le soutien de tout un village lors de l’arrivée d’un enfant. Selon moi, une doula est une douce alternative pour avoir un accompagnement avisé et non traumatique, pour vivre la maternité, la période la plus importante et la plus vulnérable de notre vie.



Sources : “Ne suis-je pas une femme”? Bell Hooks

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